Je vous emmène au Paradis… Oh pardon à Maradi, grande ville du Niger. C’est au cœur de cette ville qu’est notre belle communauté NDA présente ici depuis plus de 60 ans. Nous sommes 4 sœurs de 4 nationalités différentes. Nous continuons à notre manière la présence de nos aînées qui ont goûté à la chaleur et au froid de cette ville à majorité musulmane avec qui nous partageons notre quotidien à travers l’éducation, la promotion féminine, la micro-finance aux femmes pauvres et notre disponibilité.
Dire notre mission c’est aussi parler des anecdotes que nous vivons chaque jour. En voici quelques unes : De retour de la messe un soir, nous voyons devant notre porte une voiture en réparation. Elle appartient à Zacharie un parent d’élève. Sa voiture a refusé de démarrer alors qu’il était venu chercher ses enfants à 14h30. Il était là avec le mécanicien depuis 4 heures, assis par terre. Spontanément nous leur avons proposé d’entrer boire un verre d’eau. Surpris, après un temps d’hésitation ils entrèrent. Après plusieurs verres d’eau, ils nous firent une confidence : « Je ne pouvais imaginer que des personnes aussi simples pouvaient encore exister. Vous avez bouleversé la mentalité que j’avais des chrétiens et des Sœurs. Merci pour votre délicatesse. » Et depuis, il est devenu un ami de la communauté.
C’est la veille de Noël, je suis sortie avec ma responsable faire les dernières courses. Dans le coffre, sacs de riz, cartons de spaghetti et autres sont entassés. Sur le chemin de retour nous apercevons une vielle femme qui se tenait difficilement sur ses jambes. Nous nous approchons d’elle et lui demandons si tout va bien. « J’ai très mal à la poitrine » dit-elle. Nous décidons de la ramener chez elle. C’est très loin et avec l’insécurité il est difficile de faire confiance mais nous prenons le risque ! Elle nous raconte qu’elle s’occupe des 9 enfants de son fils décédé. Elle n’a plus rien pour les nourrir. Elle a un donateur mais malheureusement elle ne retrouve plus sa maison et elle a passé des heures à marcher dans les rues, assoiffée et épuisée. Nous comprenons que son mal vient de la faim et des soucis. En la déposant chez elle nous laissons notre cadeau de Noël, un sac de riz. Aussitôt la vieille femme appelle ses voisines à l’action de grâce. Oui, dans cette famille, Jésus est né.
C’est la veille de la Tabaski, grande fête musulmane. Hassana, «handicapée moteur » frappe à notre porte. Surprise de sa visite, je la salue d’un grand sourire. Elle a fait un long chemin pour nous souhaiter bonne fête. Derrière son vélomoteur se trouve un bidon de 5 litres d’huile. Elle me le tend en disant : « c’est pour la fête ». Sa fille a été acceptée à l’école malgré son incapacité à régler les frais de scolarité. L’école a pris les frais à 70%. C’était sa manière de dire merci. Elle a pris de son indigence pour nous donner son merci. Est-elle loin de la veuve de l’Evangile ?
Nous pourrions continuer la liste des merveilles. Malgré les difficultés, les incompréhensions et parfois les violences dont nous sommes victimes, le Seigneur continue son œuvre dans la discrétion et la simplicité. La mission au Niger et à Maradi en particulier a des particularités qu’on ne rencontre nulle part ailleurs. Mais ce qui est sûr, c’est que Dieu nous y a précédées et continue d’être présent.