Je souhaite vous partager un peu de mon vécu en Ehpad à Colmar.
C’est évidemment une tout autre vie que celle des 32 ans passés à Sainte-Foy-lès-Lyon. Je n’oublie pas pour autant mes Sœurs de la Guilhe avec lesquelles je reste en lien ainsi qu’avec bon nombre de personnes du Secours Catholique. Je dois dire en premier que je me suis très vite habituée à ce nouveau rythme et environnement.
Nous sommes une communauté NDA de 10 Sœurs avec 42 résidents laïcs bien handicapés pour la plupart et 5 Sœurs à la communauté du 36. Ma journée est bien occupée, je ne m’ennuie jamais ! Animations diverses, visite d’un marché de Noël, au temps de Noël bien sûr, plusieurs activités que je fais moi-même.
Comment puis-je continuer à être missionnaire ? En rendant service en poussant des fauteuils roulants, en souriant à des personnes tristes ou à d’autres aussi, car cela leur fait du bien. En jouant au scrabble, en faisant un brin de conversation avec l’un ou l’autre, en leur attachant leur grande serviette de table au repas, certains ne pouvant pas le faire eux-mêmes. Nous avons bien sûr notre vie de prière. À tour de rôle, chacune prépare l’office et 2 messes car nous avons la chance d’avoir la messe le jeudi et le samedi.
Je jouis d’une très belle chambre, claire, donnant sur la cour où se trouve un immense et magnifique cèdre du Liban qui me rappelle mes neuf années passées dans ce beau petit pays qui hélas souffre tant aujourd’hui.
En conclusion, je vais vous faire « un clin d’œil du Seigneur ». L’autre jour j’allais dire « bienvenue » à la nouvelle résidente de 98 ans, qui ne me connaissait pas ! Elle me demande : « Pouvez-vous me monter dans ma chambre ? » Bien sûr je lui réponds, car elle ne marche plus du tout. Elle m’a tout de suite pris en amitié ! Et moi de même ! Je l’appelle « ma grand-mère » car elle me fait beaucoup penser à ma grand-mère paternelle ! Elle regarde la télé et lit le journal, ce sont ses seules distractions. Aussi j’essaie de passer un moment avec elle chaque jour. Son fils vient souvent la voir. Elle est pour moi un beau témoignage de l’acceptation de ses limites. Et si je peux lui apporter un peu de joie dans son quotidien, je le fais de tout cœur.
Dans toutes ces descriptions je n’oublie pas le personnel avec lequel mes relations quotidiennes sont simples et fraternelles.
Sœur Marie-Bernadette MOLLE